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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


perdre rien de son cher « moi », de percevoir sans erreur que sa santé morale et physique était sans doute meilleure en ce moment que naguère, avant la révélation du plaisir, elle devinait l’imposture de tous ceux pour qui la volupté est immonde.

Mieux encore, de connaître que son esprit raisonnait toujours bien, lucidement et rapidement, elle connaissait la reconnaissance due au créateur de ce bonheur sensible et intellectuel.

Elle dit sincèrement à l’homme.

— Merci, mon ami !

Il resta une fois de plus éberlué de cette façon de vivre qui ne ressemblait à aucune de celles dont les femmes qu’il avait eues le gavaient depuis longtemps.

Faute de réponse, il sourit.

Amande reprit :

— Vous m’avez procuré bien de la joie.

— J’ai fait de mon mieux, fit modestement l’homme.

Elle hocha la tête mélancoliquement :

— Dommage que ce soit si tôt fait, et terminé…

Il dit avec un rien de raillerie.

— Vous êtes une petite gourmande.

— Qui me le reprochera ? répondit en riant Amande.

— Personne, évidemment, approuva le