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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— Attention ! répondit le personnage, tout le monde voudrait se suicider.

— Suicide ou non, puisqu’il faut y venir, ce serait au moins une mort douce, c’est la plus belle invention que les hommes puissent rêver pour quitter leur destin de chair.

— La vie douce n’est-elle pas préférable ?

Mais Amande n’ajouta plus rien, car elle voyait bien que son amoureux, si habile qu’il fût à la faire trembler de délices, restait privé de facultés métaphysiques, et incapable de réaliser, dans toute sa splendeur, l’idée d’une jouissance qui serait tangente à la mort.

Étendue, déclose et nue, les joues fardées de plaisir et le corps moulu d’immobilité frémissante, Amande, en ce moment, était vraiment belle et dépassait même le peu que nous avons accoutumé de désigner sous le nom de beauté.

L’homme y fut sensible, et il le dit :

— Ce que vous êtes excitante !

Elle se perdit une seconde dans les abîmes de ce mot spontané. Elle était excitante… Et pourtant son époux Adalbret la délaissait pour aller suivre des pouffiasses abominables, le déchet de Paris. Là seulement il se sentait à son niveau, sans doute, de sensibilité et d’esthétique…

Et Amande demanda :

— Que pensez-vous de ceux que je n’excite pas ?