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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


et moitié verte, dolman à droite, et redingote à gauche. Quant au pantalon, dont une jambe était collante et dont l’autre charlestonnait, il étalait à dextre un jaune agressif et à senestre un bleu tout à fait céruléen.

Amande se sentit, en pénétrant dans cette demeure, une vaste envie de pouffer, qui se renouvelait sans répit. C’était vraiment exquis. Elle pensa : « Je vais essayer ce gîte. Si les amants y sont assortis au décor, on ne doit pas manquer de s’y divertir. »

La patronne entrait à ce moment-là.

C’était une femme quadragénaire, et qui restait belle dans un embonpoint probablement professionnel. Elle avait les cheveux coupés ras, des lunettes en écaille blonde, une robe décolletée qui montrait sa poitrine, ferme comme la Garde impériale, et une jupe si courte qu’on craignait pour les bonnes mœurs de ses amis.

Avec cela, cette femme gardait un air vraiment décent et mondain, soutenu par une belle voix harmonieuse et lente.

Elle dit :

— Madame, vous êtes trop jolie pour être heureuse, c’est-à-dire honnête.

— Ma foi, répondit Amande, l’honnêteté ne me déplaît pas.

— Vous êtes bien faite, je le vois ?

— Désirez-vous mieux vérifier.