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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


physique, du moins morale. Elle sortit en triomphe d’un Prétoire que rien n’étonne plus. Le père d’Amande était à l’occasion journaliste judiciaire. Ayant assisté à l’opération du jugement, il trouva qu’il fallut vite ajouter son satisfecit à celui des jurés, et courut aux jupes de l’acquittée, qui, justement, se sentait désir de quelques bonnes paroles.

Et voilà comme était née cette union, certes provisoire, mais étroite aussi.

Amande, en toute sincérité, aimait assez le profil de Zoé, maîtresse de son père. Elle lui soupçonnait aussi des vertus savantes. Pour elle, présentement amie des seuls jeux superficiels, un doute rongeant entourait d’ailleurs le problème de la passion. Elle pensait bourgeoisement que le rêve parfait fut sans doute de voir l’amour se perpétuer dans une fidélité réciproque et obstinément ardente. Mais elle était instruite, et philosophe aussi… Son expérience lui montrait en sus que cette fidélité, quoique sans doute possible, ne se réalisait jamais. De là à croire qu’il existât un secret, un mode amoureux de s’aimer, une sorte d’organisation profonde, mais mystérieuse et définitive des rites de l’amour, il n’y avait qu’un pas, et elle le franchissait. Rien n’est si reposant pour l’esprit que de s’imaginer voir clair dans les choses qui vous entourent. On peut, bien entendu, se tromper, mais c’est