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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

Il s’arrêta.

Amande voulut le relancer :

— C’est peut-être l’amour.

— Heu ! grogna Adalbret, c’est presque cela, mais vous savez, Amande, que c’est une conversation inconvenante.

— Oh ! vous savez, Adalbret, que les convenances ne me font pas faire de folies…

Et Amande se mit à rire franchement.

Son mari se laissa retomber sur le dos.

— C’est une question grave, proféra-t-il. L’Amour ! Moi, vous savez, je vous aime…

« On le sait, se dit-elle in petto, mais ta démonstration est plutôt molle et dépourvue d’accent… »

Et elle se tut, lasse de cette conversation qu’il fallait alimenter, comme un feu de paille, et qui menaçait sans cesse de s’éteindre.

Le silence régna. Adalbret se mit à ronfler, et Amande, se passant les paumes sur le corps, songeait :

« Je vaux tout de même mieux que ne semble le croire ce pauvre diable. Il y a du plaisir à prendre avec moi, et à me donner. Vais-je regretter d’avoir épousé ça ?… » Mais elle décida : « Non. Je suis une femme mariée et je ferai selon mon gré désormais. En somme, s’il y a du plaisir sur la terre je le trouverai bien toute seule, et s’il est ailleurs que chez moi, je ne ferai rien plus, en allant le prendre