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UN MONDE

humilité ; puis s’étant recueillie, elle continua ainsi : Je vivais avec ma mère et une sœur plus âgée que moi d’une année, lorsqu’un hasard providentiel permit qu’un fraïle en voyage, le digne padre don Bernardo s’arrêta une nuit dans notre maison. Cet excellent padre, que Dieu bénisse, s’informa de nos moyens d’existence, et ma mère, qu’il prenait pour une de mes sœurs, car elle était encore bien jeune, lui ayant répondu que nous gagnions notre vie par notre travail, il en parut indigné et l’assura que bientôt notre sort changerait. Je vous avouerai, senor, que jusqu’à ce jour je m’étais trouvée bien heureuse, mais les paroles de ce digne moine m’ouvrirent les yeux et je m’aperçus, à mon grand désespoir, qu’en effet nous étions très misérables. Seulement, une crainte s’était emparée de mon