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UN MONDE

à la bouche, et son couteau à la main.

Le mouvement du fougueux Indien avait été tellement rapide et imprévu, que pas un des assistants n’eut le temps de l’arrêter : du reste, et quand même il eût été au pouvoir de la foule de s’interposer, même sans danger, il est plus que probable que personne ne l’eût fait : c’était se priver d’un spectacle, spectacle d’autant plus précieux, qu’à Nabogame les courses de taureaux manquaient.

Au lieu de reculer vivement, pour tâcher de parer le coup qui lui était porté, le Pelon se jeta, au contraire, hardiment au-devant de son adversaire, et le frappa de son chapeau au milieu de la poitrine. À ce coup, si inoffensif, du moins en apparence, Matagente chancela comme s’il eût été ivre, puis ses jambes plièrent, et il tomba lourdement à terre, la poitrine inondée de sang.