Page:Dupuy - Les Parques, 1884.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
les parques

Devait déconcerter votre effort sacrilège.
Vous vous êtes rués sur l’Océan profond,
Sans rompre le rideau du gouffre, ainsi que font
La feuille desséchée et l’écorce du liège.
Le coursier bleu soulève en bonds désordonnés
L’aviron qui le bat, l’éperon qui le troue ;
Mais, délaissant la rame et les mâts empennés,
Vos fils, sous le sillon fugitif d’une roue,
Dévorent l’infini des espaces mouvants,
Opposent un Cyclope à la troupe des vents,
Attisent les brasiers qui font voler la proue.



Réglant le frein de feu de leurs vaisseaux géants,
Dont l’âpre voix rugit sur tous les océans,
Ils ne s’arrêtent pas aux colonnes d’Hercule.
Ils vont des noirs mangeurs de lotus parfumé
Aux blancs Cimmériens du pôle inanimé,
Interrogeant le Sphinx des déserts qui recule.
Ils fixent leur cité flottante en pleine mer,
Jettent dans l’épaisseur des hautes eaux leurs sondes,
Ramènent au soleil ce que le gouffre amer
Couve de vie obscure en ces zones profondes,
Les êtres ébauchés aux yeux phosphorescents,