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les parques

La bête hérissée, hostile, inconsciente.
Vous maîtrisez du doigt ses bonds vertigineux,
Portant en un clin d’œil au monde une pensée ;
Vous morcelez son souffle en faisceaux lumineux.
Vous recueillez au vol sa force dépensée,
Et radieux dompteurs du monstre obéissant,
Vous reprenez, armés d’un outil tout puissant,
L’œuvre de la science à peine commencée.



Et quand ils seront las de la terre, vos yeux
N’auront qu’à se fixer sur l’infini des cieux,
Pour scruter dans la nuit le mystère de l’ombre,
Pour déchiffrer le sort des astres éclatants,
Et pour réaliser le rêve des Titans
En entassant les monts de l’idée et du nombre.
Car tout ce que l’aède imposteur a chanté
Dans ses inventions pauvrement fabuleuses
Est à peine un soupçon de la réalité ;
Il a vu le frisson des étoiles frileuses,
Le désert de la lune au reflet caressant,
La pourpre du soleil au globe incandescent,
Et les taches de lait des pâles nébuleuses.