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les parques

Sombrer dans la douceur de l’ombre envahissant,
S’éteindre dans la paix de l’éternel sommeil,
On achète cela d’un peu de sang vermeil
Qui rougit au tranchant l’épée éblouissante.



Que redouteriez-vous dans la mort ? le mourir ?
Est-ce donc, à tout prendre, un grand risque à courir
Que de s’apercevoir comment un souffle expire.
Scrutez cet œil laiteux où remonte la nuit :
Il vous dit que l’effort de la vie était pire,
Et que l’agonisant s’endort, s’évanouit
Au rythme adoucissant des ailes du vampire.
Déjà le sentiment de l’être s’est perdu :
À peine reste-t-il dans ce corps détendu
Quelque atome mouvant qu’une impression froisse ;
C’est autour du grabat qu’on souffre, et c’est souvent
Le cœur passionné du pâle survivant
Qui prête aux sens glacés du moribond l’angoisse.



Est-ce le vain regret de ce que la mort prend
Qui fait appréhender sa venue, et qui rend