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citude pour le troupeau dont il était le pasteur et le père, fut un des premiers qui, dans un moment de disette, cherchèrent à y parvenir par le râpage à sec du tubercule. Suivons-le dans ses opérations.

Il fit porter dix kilogrammes de pommes de terre sur un moulin à fécule ; elles y furent râpées et soumises à l’action d’une presse ; elles donnèrent cinq kilogrammes d’un suc qui, d’abord blanc et transparent comme un eau claire et limpide, prit peu à peu une teinte brune, et finit par devenir presque noir et en même temps un peu poissant[1]. Le tourteau résultant de la pression fut aussitôt transporté dans une étuve, où, après une dessication parfaite, il perdit encore deux mille cinq cents grammes de son poids ; ce qui déconcerta entièrement M. le Curé, qui fut très étonné de n’avoir qu’un quart de solide et trois quarts de suc : cependant il ne se découragea point ; ce tourteau, desséché et ensuite pulvérisé, lui donna une farine qui l’eût pleinement satisfait sans une couleur rougeâtre qu’elle conservait et dont néanmoins il ne fut point effrayé ; car il

  1. Le suc de ce légume est très-abondant et très-putréfiant ; il communique cette mauvaise qualité à la fécule et à la partie farineuse qui le contiennent, puisque ces deux dernières, en étant séparées, sont incorruptibles quand elles sont bien préparées.