Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avons fait de bonnes œuvres, mais pas bien, pas purement, et voilà pourquoi nous les avons faites inutilement ; » comme celui qui, faisant l’aumône pour la seule gloire, fait le bien, mais pas bien, pas purement. L’Ecclésiastique, parlant de cette triple pitié, dit : « Aie pitié de ton ame, pour plaire à Dieu. » Et l’on fait deux croix pour marquer que la vraie pitié de l’ame doit accompagner l’accomplissement de la bonne œuvre. La première croix se fait avec l’huile, et la seconde avec le chrême ; d’où le psaume : « Bienheureux celui qui a pitié et qui donne, qui a pitié dans son ame et donne par ses œuvres. » Et, comme il ne suffit pas d’avoir la compassion dans l’ame avec la pratique de la bonne œuvre sans l’odeur de la bonne renommée, selon cette parole de l’Évangile : « Que votre bonne œuvre luise de telle sorte que Dieu soit glorifié, » voilà pourquoi on fait des croix avec le chrême, qui se compose de baume et d’huile.

XXXIII. Or, le baume, à cause de sa bonne odeur, signifie la bonne renommée ; l’huile, à cause de sa clarté, l’éclat de la conscience que nous devons avoir, selon cette parole de l’Apôtre : « Notre gloire, c’est le témoignage de notre conscience. » Le baume est bien uni à l’huile, quand la bonne odeur [de la renommée] est unie à la miséricorde.

XXXIV. On entend encore, par les cinq croix d’huile et de chrême, les cinq sens de notre corps, qui sont doublés et s’élèvent à la valeur de dix, parce que, parfois, en bien usant des sens de notre corps, nous nous gardons à la fois nous-mêmes, et, par notre exemple et notre enseignement, nous confirmons les autres dans la pratique des bonnes œuvres. C’est pourquoi le bon intendant se glorifiait, en disant : « Voici que j’en ai gagné cinq autres de plus. » Et, pendant qu’on fait ces onctions dont nous avons parlé plus haut, on chante : « Dieu, ton Dieu t’a oint, etc. ; » ce qui se dit du Christ. On oint donc l’autel trois fois : deux fois d’huile, et la troisième fois de chrême, parce l’Église s’illustre par la foi, l’espérance et la