Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/198

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XXX. Septièmement, la couronne montre que les clercs sont spécialement le partage de Dieu et ses sujets immédiats ; car, selon [saint] Jérôme, « ils sont rois et prêtres, c’est-à-dire de royaux prêtres ; et ils sont rois, c’est-à-dire qu’ils règnent sur eux-mêmes et sur les autres par les vertus, et voilà pourquoi ils ont un royaume en Dieu. »

XXXI. « Assurément, la tonsure de la tête des clercs a lieu, comme dit [le vénérable] Bède dans l’Histoire des Angles, en mémoire de ce que, lorsque le bienheureux Pierre prêchait dans Antioche, on lui rasa le sommet de la tête par mépris pour le nom chrétien et pour la passion du Seigneur ; » ce qui, certes ! est passé aujourd’hui en honneur chez tout le clergé. Il y en a eu pourtant qui disaient que l’usage de la tonsure ecclésiastique est venu des Nazaréens (24)[1], qui gardent toutes les observances de l’ancienne loi. Or, ces hommes qui avaient d’abord gardé tout leur poil, après une grande continence de vie, rasaient ensuite leur tête entièrement, et jetaient leurs cheveux dans le feu du sacrifice, afin de se consacrer sous le joug du Seigneur avec un parfait dévouement (perfectionem devotionis). Ce fut à leur exemple que les apôtres établirent que les Nazaréens et les saints de Dieu renouvelleraient de temps en temps la coupe de leurs cheveux, après avoir préalablement reçu la tonsure ; et cela malgré qu’autrefois les chrétiens fussent appelés, d’une manière en quelque sorte outrageante, par les Juifs, du nom de Nazaréens, parce que notre Sauveur porte ce nom, qui lui vient d’un bourg de Galilée. On peut dire aussi que l’usage de la tonsure a tiré son origine de l’ancienne loi. Car le prêtre portait la tiare légale, c’est-à-dire le bonnet de lin très-fin fait en forme d’un demi-globe, sur la tête, et le roi portait la couronne. Mais la partie de la tête sur laquelle reposait la tiare était rasée. Le cercle d’abord est l’image de la couronne ; il marque que Dieu a fait des clercs une race élue pour un royal sacerdoce. La loi ordonnait encore que l’on fît une couronne de quatre doigts sur la table

  1. Voir la note 24 page 406.