Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du quinzième siècle jusqu’à la fin du dix-septième[1] expliquent assez l’influence de ce livre merveilleux

  1. M. Victor Le Clerc, avec une patience d’érudit dont nos annales offrent peu d’exemples, a consacré neuf pages in-4o de son beau travail sur Durand de Mende à réunir les noms des villes et des imprimeurs, ainsi que la date des années auxquelles ont eu lieu les nombreuses éditions du Rational ; c’est un immense service rendu aux savants et aux bibliographes, et dont, pour notre part, nous nous faisons un devoir de le remercier bien vivement. Voy. Hist. littér. de la France, t. XX, p. 480 à 489, y compris quatre pages et demie consacrées à la savante notice des manuscrits de cet ouvrage. « C’est, dit M. Le Clerc en terminant sa précieuse biographie, le grand ouvrage le plus souvent imprimé après les livres saints, pendant le quinzième et le seizième siècles. » Ce livre, qui a longtemps passé pour le premier livre imprimé, fut publié pour la première fois à Mayence le 6 octobre 1459, par Jean Fust (ou Faust) et Pierre Schœffer de Gernsheim, qui, dans la souscription de la dernière page du texte, prennent les titres suivants : Per Johannem Fust, civem Moguntinum, et Petrum Gernssyhem, clericum, diœcesos ejusdem (*). Cette rare édition est en petites lettres de forme ou gothiques, sans chiffres, réclames ni signatures, avec initiales et sommaires en rouge ; grand in-folio de 160 feuilles sur 2 colonnes de 63 lignes ; elle n’a été imprimée que sur vélin, à l’exception d’un petit nombre d’exemplaires où quelques feuillets de papier se trouvent entremêlés. Le prix, dans ces derniers temps, a varié de 1, 050 fr. à 2, 000, 2, 700, 3, 400 fr. (V. loc. cit., Hist. littér. de la Fr., t. XX, p. 485.)



      (*) Une circonstance qui montre l’estime qu’on professait pour le Rational au quinzième siècle ne doit pas être omise : c’est que ce livre est le premier qui, ait été imprimé en caractères de métal à Mayence, en 1459. Il peut être agréable à nos lecteurs de connaître l’avis qu’on lit à la fin de ce volume : Præsens Rationalis Divinorum codex Officiorum venustate capitalium decoratus rubricationibusque distinctus, adinventione artificiosa imprimendi ac caracterizandi absque calami exaratione sic effigiatus et ad Eusebiam Dei industrie est consummatus per JOHANNEM FUST, civem MOGUNTINUM et PETRUM GERNZEIM, clericum diocesis ejusdem, anno Domini millesimo quadragentesimo quinquagesimo nono, sexto die octobris. « On voit par cette inscription, dit D. Guéranger, comment les souvenirs de la science liturgique s’unissent à l’une des plus grandes et des plus glorieuses entreprises de l’humanité. » Voy. loc. cit.



      Il existe une traduction du Rational, la seule que nous ayons en français ; c’est une paraphrase sans goût, faite par Jean Golein, carme, par l’ordre de Charles V, dit le Sage ou le Savant (Sapiens). Ce religieux retranche, ajoute, omet à dessein des passages entiers, dénature le reste; on ne sait enfin quel nom donner à cette perturbation que le bon frère a faite au milieu de l’œuvre si calme et si bien ordonnée de l’évêque de Mende. Jean Golein, peu content d’avoir souvent altéré et retranché, dans l’œuvre de Durand, des paragraphes entiers, s’est cru dispensé