Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/330

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l’intention, et que la vérité mette le comble à la fin. [Saint] Grégoire dit, dans son Pastoral, au chap. xiii, qu’il est recommandé de faire le surhuméral d’or, d’hyacinthe, de pourpre et d’écarlate deux fois teinte, et de fin lin retors, afin de montrer de quelle grande diversité de vertus le prêtre doit resplendir. En effet, dans le vêtement du prêtre l’or brille avant tout, pour montrer que l’intelligence de la sagesse brille surtout en lui. On y joint l’hyacinthe resplendissant d’une couleur céleste, afin que partout où il pénètre dans les sciences par l’intelligence, il s’élève non aux faveurs misérables du siècle, mais à l’amour des choses du ciel ; de peur que, tandis qu’il se laisse prendre par des louanges inconsidérées, il ne sente en même temps l’intelligence de la vérité l’abandonner et sortir de son esprit. A l’or et à l’hyacinthe on entremêle la pourpre, afin que le cœur du prêtre place son espérance dans les biens suprêmes qu’il annonce, et qu’il réprime en lui-même les suggestions des vices et leur résiste de fait et de parole, comme étant revêtu du pouvoir royal. A l’or et à l’hyacinthe, au bysse et à la pourpre, on joint l’écarlate deux fois teinte, afin que devant les yeux du juge des cœurs tous les biens des vertus soient ornés par la charité, et que le prêtre allume, en présence du juge et à la flamme de l’amour le plus vif et le plus profond, tout ce qui brille avec éclat devant les hommes. Cette flamme c’est la charité, parce qu’elle chérit à la fois Dieu et le prochain, et brille, en quelque sorte, comme l’écarlate au sortir d’une double teinture. Mais lorsque l’ame a atteint les préceptes de la charité, il faut encore que la chair soit macérée par l’abstinence. D’où vient qu’à l’écarlate [ainsi] teinte on joint le lin tordu, car le lin, si brillant, sort de la terre. Or, que désigne le lin, sinon la chasteté du corps blanchie par l’apprêt de la pureté, qui fait son ornement ? Cette chasteté, en quelque sorte tordue, ajoute à la beauté du surhuméral, parce qu’alors la chasteté de l’ame et du corps conduit à la parfaite blancheur de la pureté après que la chair a été fatiguée par l’abstinence. Et alors,