Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/332

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avait aussi deux petites chaînes d’or très-pur, unies ensemble et suspendues à deux crochets, ce qui signifiait que

XIII. Le pontife doit ayoir les deux affections de la charité, savoir : pour Dieu et le prochain, touchant lesquels ce précepte lui est donné : « Tu chériras ton Dieu de tout ton cœur, et ton prochain comme toi-même. » Car, de même que l’or l’emporte sur tous les métaux, ainsi la charité surpasse toutes les vertus ; c’est d’elle que l’Apôtre dit : « La plus grande des vertus, c’est la charité. » Les deux crochets sont l’intention et la fin ; on y attache les petites chaînes, afin qu’il chérisse autant Dieu que le prochain, avec un cœur pur et une bonne conscience, et une foi non feinte, et qu’il s’attache autant à Dieu qu’au prochain, en vue de la béatitude éternelle ; qu’il chérisse Dieu pour lui-même (propter seipsum), et le prochain en vue de Dieu. Or, Aaron portait le rational du jugement, sur lequel étaient écrits les noms des douze patriarches, comme on l’a dit dans la première partie, au chapitre des Peintures. Ce rational, selon [saint] Grégoire, dans son [livre] Pastoral, au chapitre xii, était bien nommé le rational du jugement, parce que celui qui gouverne les autres doit toujours, par un subtil examen, discerner le bien et le mal, et penser avec soin à ce qu’il construira, pour qui il édifiera, quand et comment, et ne rien chercher qui lui soit propre, mais considérer, comme étant les siens propres, les biens de son prochain. D’où vient que dans l’Exode il est écrit : « Tu placeras sur le rational du jugement la doctrine et la vérité, et elles seront sur la poitrine d’Aaron quand il entre devant le Seigneur, et il portera toujours le jugement des fils d’Israël sur sa poitrine, en la présence du Seigneur. » Certes ! porter, comme le [grand-] prêtre, le jugement des fils d’Israël sur sa poitrine et en la présence du Seigneur, c’est discuter les causes de ses sujets pour la seule considération du juge des cœurs.

XIV. Mais quelques-uns ont dit qu’aujourd’hui nul ornement ne répond au rational, parce que nous n’avons pas l’a-