Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/78

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Croire qu’elle est Dieu serait manquer de raison, car elle a été
Une pierre matérielle, sculptée par la main d’un ouvrier.
Et l’image que tu vois n’est ni un Dieu ni un homme ;
Mais c’est Dieu et un homme que cette sainte image représente.

Et ailleurs :

Car c’est Dieu que l’image t’enseigne ; mais elle-même n’est pas Dieu.
Regarde-la, et honore dans ton ame ce que tu sais qu’elle représente.

II. Les Grecs se servent aussi d’images, et ils les peignent, comme on dit, depuis le nombril au-dessus, et non plus bas, afin d’ôter à ceux qui les voient[1] toute occasion de pensée imprudente et ridicule ; ils ne font aussi aucune image sculptée, à cause de ce qu’on lit dans l'Exode, chapitre xx : « Tu ne feras pas de sculptures ni d’images. » De même, dans le Lévitique, chapitre xxvi, il est dit : « Tu ne feras pas d’idole ni de sculpture ; » et aussi, dans le Deutéronome, chapitre iv : « De peur que par hasard, cédant à l’illusion et trompés par elle, vous vous fassiez une image taillée et sculptée. Vous ne vous fabriquerez pas non plus des dieux d’or et d’argent. » Et le Prophète s’écrie : « Les idoles des nations sont l’or et l’argent, œuvres des mains des hommes. Qu’ils leur deviennent semblables ceux qui les font et tous ceux qui placent leur confiance en elles ! Qu’ils soient confondus tous ceux qui adorent des images taillées, et qui se glorifient dans leurs idoles ! » Moïse dit encore au peuple d’Israël : « De peur que par hasard, jouet de l’erreur, tu n’adores les choses qu’a créées le Seigneur ton Dieu. »

III. Voilà pourquoi aussi le roi Ezéchias brisa le serpent

  1. Durand, qui n’était pas à même de connaître aussi bien la symbolique orientale que l’occidentale, nous semble s’être mépris en cet endroit sur une particularité de l’iconographie chez les Grecs. Les orientaux ne représentent à mi-corps que Dieu le Père et le Fils, et parfois la sainte Vierge, qu’ils nomment panagia (la toute sainte). Ces représentations ont souvent plus de quatre pieds de hauteur, et égalent en grandeur les personnages saints ou anges représentés auprès d’elle. C’est une manière usitée chez les Grecs, pour faire comprendre quelle distance il y a entre la sainteté et la puissance du Père, du Fils ou de la sainte Vierge sa mère, et celles des autres saints.