Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/79

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d’airain que Moïse avait élevé, parce que ce peuple, contre le précepte de la loi, faisait brûler de l’encens devant lui.

IV. On voit donc, par ces autorités et par d’autres semblables, que le trop grand usage des représentations est réprouvé ; car l’Apôtre dit, dans sa première Lettre aux Corinthiens : « Nous savons, en effet, qu’il n’y a rien à attendre des idoles dans ce monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. » Et les simples et les faibles pourraient être facilement entraînés à l’idolâtrie par le trop grand et indiscret usage des peintures ou des sculptures. Ce qui a fait dire à la Sagesse : « On ne doit pas de respect aux idoles des nations, parce que les créatures sont employées par elles à porter à la haine de Dieu et à tenter l’ame des hommes ; enfin, elles sont comme un piège pour les pieds des hommes insensés. » Mais il n’est point blâmable d’user modérément des peintures pour représenter le mal qu’on doit éviter et le bien qu’on doit imiter. Voilà pourquoi le Seigneur dit à Ezéchiel : « Entre et vois les plus grandes abominations qu’ils commettent. » Et, étant entré, il vit toute une peinture de reptiles et d’animaux, et l’abomination et toute l’idolâtrie peintes sur la muraille de la maison d’Israël. Or,’Grégoire, expliquant et exposant cela (in Pastorali, lib. II, cap. XX), dit : « Les représentations des choses extérieures attirent Dieu dans l’intérieur de l’ame ; et, en quelque sorte, tout ce que l’on pense, en voyant de feintes images, se peint dans le cœur, s’il n’est plus vrai de dire que l’objet auquel on pense avec attention dans son cœur se peint à nos yeux d’images fictives. » Le Seigneur dit encore au même Ezéchiel : « Prends une pierre et place-la devant toi, et tu traceras dessus la cité de Jérusalem. » La parole suivante de l’Évangile prévient ce qui a été dit, à savoir : que les images sont les livres des laïques : « Ils ont, dit le Christ, Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent. » On parlera aussi de cela dans la quatrième partie, sous la troisième particule du canon, au mot Servitutis. Le concile d’Adge (De con-