Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/133

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vement de danse, et le graduel comporte avec lui les larmes de la pénitence. Cependant l’Allelu-ia ne se fait pas entendre les samedis des Quatre-Temps, non plus que le mercredi et le vendredi de la grande Semaine, ni les jours où le Trait suit immédiatement l’épître, et cela parce qu’en ces jours-là nous n’avons pas avec nous le musicien dont parle le Christ. On le vend le mercredi, on le crucifie le vendredi, ce que l’on représente en quelque façon les samedis des Quatre-Temps, et c’est pour marquer un plus grand deuil que ces samedis-là le trait suit immédiatement l’épître. Le trait indique un plus grand deuil que le graduel, pour nous faire entendre qu’on ne le chante jamais avec l’Allelu-ia, excepté, pour une raison particulière, le samedi de Pâques.


CHAPITRE XXII.
DE LA PROSE OU SÉQUENCE[1].


I. Après l’Allelu-ia on dit la prose ou séquence, qui est aussi un chant de joie, pour marquer les deux robes de gloire que les saints recevront, comme on l’a dit plus haut. Tous ensemble chantent la séquence en chœur, pour symboliser l’accord parfait de la charité ; car c’est la louange qui plaît à Dieu, selon cette parole du Cantique des cantiques : « Tu as blessé mon cœur, ma sœur, ma fiancée, par l’un de tes yeux. » L’époux dit « par un, » pour marquer que l’accord et la volonté sont uniformes, car une louange ainsi formulée est le mets le plus agréable à Dieu ; c’est là cette tunique sans couture que Dieu n’a pas souffert qu’on divisât (XVI, q. xi), comme on le dira

  1. Voir, à la fin de ce volume, Appendice no 1, un travail sur les proses du moyen-âge, comprenant tout ce qui nous reste en ce genre du célèbre Adam, chanoine de Saint-Victor, au XIIe siècle. Ces pièces, au nombre de trente-huit, sont suivies de diverses autres séquences rares et curieuses.