Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/206

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III. On peut encore dire qu’on encense l'autel pour représenter l’ange qui se tenait devant l’autel du temple, ayant un encensoir à la main, d’où la fumée des aromates montait en la présence du Seigneur. Car le Christ, qui est l’Ange du grand Conseil, a offert pour nous au Seigneur, sur l’autel de la croix, comme un sacrifice d’agréable odeur, sa chair immaculée, embrasée du feu de l’Esprit saint. La fumée des aromates, ce sont les prières des saints, qui, entretenues par l’ardeur de la charité que leur inspire la passion du Seigneur, montent à Dieu le Père, et nous méritent d’être couronnés par la Trinité ; voilà pourquoi le prêtre encense en forme de croix et de couronne : en encensant une fois, il rappelle qu’il n’y a eu qu’une passion ; en décrivant une fois le cercle (corona), il rappelle la récompense d’un denier ; en encensant trois fois, il figure la coopération de la Trinité dans la passion, et la glorification des trois ordres, d’où vient qu’en encensant il dit : « Seigneur, que ma prière monte comme l’encens en ta présence, etc. ; » c’est dans le sens moral qu’il faut brûler l’encens de la dévotion dans l’encensoir du cœur, avec le feu de la charité, pour qu’il exhale une odeur suave, afin que, tant nous que notre offrande, nous soyons en bonne odeur devant Dieu ; sur quoi l’Écriture dit que nous sommes chargés des fonctions du sacerdoce et de louer le nom du Seigneur, etc. Le prêtre, qui figure le Christ, reçoit cet encens et en parfume le sacrifice et l’autel. On peut dire aussi que l’encensoir, dans lequel le prêtre offre l’encens, représente le Christ, par lequel il demande que Dieu lui soit propice. C’est avec raison que l’on encense toute l’assemblée des fidèles, pour montrer que tout ce que fait le prêtre se rapporte à tous ; ce qui a fait dire au Psalmiste : « Seigneur, que ma prière monte comme l’encens : en ta présence. » Cette cérémonie n’a pourtant pas lieu à la messe des morts, comme on le dira dans la septième partie, au chapitre de l’Office des Morts.

IV. Dans le Concile de Rouen, publié par Bouchard, livre