Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/227

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Ce mot se compose de osi, qui veut dire sauve, et de anna, qui, en hébreu, est une interjection suppliante qui exprime l’émotion de l’ame tout entière à l’objet de sa demande. Pour parler correctement, on devrait dire osianna ; mais nous avons corrompu ce mot en supprimant la voyelle i et en disant osanna, ce que nous faisons par ignorance, ou sciemment, par l’élision d’une voyelle que nous supprimons, comme on a coutume de le faire dans les vers[1].

IX. On dit deux fois : Hosanna in excelsis, à cause des deux choses que l’homme a à sauver, qui sont la robe de son ame et la robe de sa chair, qui toutes deux partagent le bonheur des saints dans la gloire, afin que, sauvés dans notre ame et dans notre corps, nous soyons comptés au nombre des anges « dans les lieux élevés, » c’est-à-dire dans les hauteurs des cieux. On trouve dans le psaume cxvii ce petit verset, que disait la foule du peuple : Hosanna ; c’est ce que nous disons dans le Sanctus en ces termes : « O Seigneur ! sauve-moi ; » et à ces paroles on ajoute celles-ci : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »

X. C’est avec raison que parfois les orgues se font entendre et accompagnent ce chant des anges et des hommes ; usage qui remonte à David et à Salomon, lesquels firent des hymnes qu’on devait chanter pendant les sacrifices qu’on offrait au Seigneur, avec l’accompagnement des orgues (13) et d’autres instruments de musique, unis à la voix de tout le peuple chantant les louanges de Dieu. Mais cependant, autant le cœur est

  1. Hosanna est un de ces mots hébreux qu’on a conservés dans toutes les églises sans le traduire, comme amen et alleluia. Il signifie sauve maintenant, ou sauve, je te prie. On trouve dans presque tous les anciens Missels manuscrits, et dans Durand, osanna sans h. Il est pourtant mieux d’écrire hosanna avec un h, comme il l’est dans tous les Missels d’à présent, parce que ce mot est écrit en hébreu par un ]"] he. Si l’on voulait même s’en tenir rigoureusement aux lettres hébraïques, il faudrait dire hosianna et même hoschianna. Mais on sait que les manières de prononcer ne sont pas absolument fixes, et que dans toutes les langues il se fait des élisions. Il n’est pas surprenant que l’iod, étant suivi de l’aleph, soit mangé, et qu’ainsi on dise osanna au lieu d’osianna ; c’est la remarque que fait S. Jérôme, ép. 145, ad Damas.