Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/230

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On donne au canon le nom de sacrifice, parce que c’est la partie de la messe dans laquelle nous méritons le plus ; on a dit, au chapitre de l’Oblation, ce que c’était que le sacrifice. On appelle aussi le canon secrète, comme pour désigner une chose cachée à nos yeux, parce que la raison humaine ne peut jamais entièrement saisir un si grand mystère, et c’est pour figurer cela que l’on dit avec raison le canon à voix basse (secreta voce).

III. C’est aussi pour montrer que le prêtre lorsqu’il commence la secrète, est comme voilé par les rideaux qui sont de chaque côté de l’autel, comme on le dira ci-dessous dans la quatrième partie du canon, aux mots Hanc igitur. On appelle encore le canon secrète, parce qu'on le dit en secret et en silence. Car le Christ, au moment de consacrer son corps, pria en secret et seul depuis la Cène jusqu’à son crucifiement, et c’est ce que figurent les oraisons secrètes. Dans les temps anciens, nos pères sacrifiaient et communiaient en silence, ce que nous observons aussi le Samedi saint. En outre, comme le raconte saint Jean l’évangéliste, le Christ, après avoir été reçu avec honneur par la foule et glorifié par elle avec des rameaux et des chants, s’enfuit et se cacha, non par crainte, mais pour accomplir sa mission. Son heure n’était pas encore arrivée ; mais, quand elle fut venue, il s’offrit de lui-même aux souffrances de sa passion. Donc ce secret et ce silence représentent la retraite du Christ ; pendant ce silence, la dévotion seule s’applique à la recherche du Seigneur. Alors le prêtre doit entrer dans la retraite de son cœur, et, après avoir fermé la porte de ses sens, prier Dieu le Père, qui entend et exauce le cri du cœur, et non celui de la voix.

IV. C’est pourquoi Anne, figure de l’Église, obtint ce qu’elle, demandait, non par une prière à voix haute, mais par sa dévotion secrète et cachée. On lit dans le livre des Rois, qu’Anne parlait dans son cœur et que l’on voyait seulement remuer ses lèvres sans qu’on entendît aucune parole. Le Seigneur dit à