Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/237

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« Nous te supplions humblement de recevoir, » c’est-à-dire d’avoir pour agréable ; » et en même temps il baise l’autel en considération de la passion, montrant ainsi par cette action qu’il y compatit.

VII. C’est avec raison que le même jour que la foule acclama les louanges du Christ, savoir, la dixième lune du premier mois, époque à laquelle, d’après la loi, on offrait chez les Hébreux l’agneau figuratif (typicus), Jésus-Christ, le véritable Agneau, entra dans Jérusalem, et que ses ennemis cherchèrent par toutes sortes de ruses à le faire condamner à mort. Trois personnes le livrèrent au trépas : d’abord Dieu, pour notre salut, ce qui a fait dire à l’Apôtre : « Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré à la mort pour nous tous. » Ensuite, ce fut Judas qui livra le Christ, comme on lit dans saint Mathieu : « Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer aux Juifs. » Enfin, le Christ fut livré à Pilate par les Juifs, comme on lit en saint Jean : « Ceux de ta nation, et les princes des prêtres, t’ont livré entre mes mains. » La première tradition fut un effet de la grâce, parce qu’il nous aima et se livra pour nous. La seconde fut l’effet de l’avarice, parce que Judas se fit compter par les Juifs trente pièces d’argent. La troisième fut le résultat de la haine. Pilate savait bien que les Juifs lui avaient livré le Christ par un sentiment de haine. Dieu donc nous a livré son Fils en pur don ; Judas, en échange d’un présent ; le Juif, comme un sacrifice sans tache.

VIII. C’est pour marquer cela que le prêtre fait trois signes de croix sur l’hostie et sur le calice, en disant : « Ces dons, ces présents, ces saints sacrifices sans tache, » comme s’il disait : « Nous t’offrons, Père très-clément, ces dons, ces présents, ces saints sacrifices, pour rappeler que Dieu a livré son Fils en pur don, que Judas l’a trahi pour un présent, que le Juif l’a livré comme un sacrifice sans tache : tous trois ont livré le Christ à la mort, à la mort de la croix. » Deuxièmement, on fait aussi ces trois signes de croix en considération