Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/279

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premier jour du sabbat, étant venus pour rompre les pains, » ad frangendum panem.

XXXII. Et, selon eux, lorsque l’hostie est rongée par un rat, ce qui est mangé est la substance même du pain, sous laquelle le corps du Christ cesse aussitôt de se trouver lorsque la substance du pain a commencé d’être rongée (De cons., d. ii, Qui bene super hoc verbo : hoc est corpus meum). Innocent III, dans son Miroir ecclésiastique, dit que la forme du pain est rompue et broyée, mais que le corps du Christ est pris et mangé, rapportant à la forme du pain ce qui marque la corruption, et au corps du Christ ce qui marque la réception. CarBéranger, qui était soupçonné d’hérésie[1], confessa devant le pape Nicolas

  1. Béranger, archidiacre d’Angers, trésorier et écolâtre de Saint Martin de Tours, dont il était natif, vivait dans le XIe siècle. Il fut le premier qui osa dire que le sacrement de l’Eucharistie n’était que la figure du corps de notre Seigneur Jésus-Christ ; opinion dans laquelle il engagea Brunon, évêque d’Angers, et plusieurs autres qui publièrent cette doctrine en France, en Italie et en Allemagne. Le pape Léon IX la condamna, avec ses fauteurs, dans un Concile de Rome, en 1050. Béranger se retira en Normandie, dans le dessein d’engager Guillaume, duc de Normandie, dans ses sentiments. Il fut condamné dans une assemblée d’évêques tenue à Brionne, et dans le Concile de Verceil tenu au mois de septembre de l’an 1050. Béranger, chassé de Normandie, se retira à Chartres, où il n’osa se déclarer. Théoduin, évêque de Liège, écrivit contre lui ; et Henri Ier, roi de France, fit tenir un Concile à Paris au mois de novembre de l’an 1050, qui condamna la doctrine de Béranger, sa personne et ses sectateurs. Adelman, clerc de l’église de Liège, et Ascelin, moine de Saint-Evron, écrivirent des lettres contre lui. Léon IX étant mort en 1054, Hildebrand, légat en France de Victor II, tint un Concile à Tours, où il fit venir Béranger, qui prit le parti d’abandonner ses sentiments et de s’obliger avec serment de tenir la doctrine de l’Eglise touchant la réalité du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’Eucharistie ; mais, ou il n’agissait qu’avec dissimulation, ou il changea bientôt de sentiments, car après ce Concile il continua à dogmatiser comme il avait fait auparavant, et à composer des écrits pour soutenir son hérésie. Nicolas II, qui succéda en 1058 à Etienne X, successeur de Victor, cita Béranger au Concile de Rome de l’an 1059, composé de 113 évêques de diverses nations. Béranger y signa une formule de foi dressée par le cardinal Humbert, dans laquelle il reconnut que le pain et le vin, après la consécration, ne sont pas seulement le sacrement, mais aussi le vrai corps et le vrai sang de notre Seigneur Jésus-Christ, et qu’il est touché par les mains des prêtres, rompu et moulu par les dents des fidèles. Il brûla ses écrits et le livre de Jean Scot. Cette profession de foi semblait être sincère ; mais Béranger ne fut pas plus tôt revenu en France, qu’ayant trouvé le roi Henri mort et son fils Philippe en bas âge, il recommença à soutenir de nouveau son erreur. Le pape Alexandre II lui écrivit pour l’exhorter à se soumettre ; mais il répondit qu’il n’en ferait rien. Il fut déféré en 1075 à un Concile de Poitiers :