Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les autres, comme on l’a déjà vu. Touchant la manducation spirituelle, le Seigneur dit : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous. » C’est de cette manière que les bons seuls mangent le corps du Christ ; d’où : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang reste en moi, et moi en lui. » Car celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu, et Dieu en lui : « Pourquoi prépares-tu ta dent et ton ventre ? crois, et tu as mangé » (De consec., d. ii, Ut quid). Celui qui croit au Christ mange le Christ, parce qu’il est incorporé au Christ par la foi, c’est-à-dire il devient membre du Christ ou s’identifie d’une manière plus forte avec le Christ, par l’union de son corps avec celui du Christ. Car, en d’autres termes, ce que l’on mange s’incorpore, et celui qui mange incorpore. Or, ce qui est mangé incorpore, et celui qui mange s’incorpore. Le Christ insinue l’un et l’autre modes de manducation, quand il dit : « C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien, » parce que la chair du Christ, si elle n’est mangée spirituellement, est mangée non pour le salut, mais pour le jugement.

XLI. Mais qu’advient-il du corps du Christ, quand il a été pris et mangé ? On peut répondre que, si l’on cherche la présence corporelle, c’est dans le ciel qu’il faut la chercher, dans le ciel, où le Christ est assis à la droite de Dieu (De consec., d. ii, Tribus). Pour un temps, toutefois, il y a eu présence corporelle comme invitation à la présence spirituelle. D’où vient que, lorsque le sacrement est pris, goûté et mangé, le Christ se manifeste corporellement à la vue et au goût, et tant que le sens corporel est affecté, la présence corporelle demeure ; mais dès que la perception échappe au sens matériel, il ne faut plus chercher de présence corporelle, mais garder la présence spirituelle, parce que, par une dispensation complète, le Christ passe de la bouche dans le cœur, et il vaut mieux qu’il s’empare de l’esprit que de descendre dans le ventre. Il est la nourriture non de la chair, mais de l’ame ; il vient pour être mangé,