Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/290

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vement celui qui, n’importe de quelle manière, entreprend sur quelqu’un de ces mots, surtout s’il a l’intention de changer la forme ou d’introduire une hérésie (De consec., d. xiv, Retulerunt), parce que la forme des paroles dont le Christ s’est servi doit être en tout conservée intacte, quoique (suivant le Philosophe) les noms et les mots transposés aient la même signification ( Extra De rescriptum), et que l’utile ne soit pas vicié par l’inutile, ni un mot par un autre mot, car c’est le sens qui doit être tiré du sens (Extra De verb. sign. præterea). Mais si, entre l’énonciation de la forme du pain et celle du vin, il se trouve un intervalle, la transsubstantiation se fait-elle néanmoins ? À ce sujet, point de doute pour ceux qui assurent qu’il y a deux formes, comme on le dira bientôt (De hoec not. de consec., d. ii, Panis, si non sanctificatur).

XLVII. Mais comme, en prononçant ces paroles : « Ceci est mon corps, » le pain est changé en chair (De cons., d. ii, Panis), et qu’en prononçant celles-ci : « Ceci est mon sang, » le vin est changé en sang, il paraît que le pain sans le vin et que le vin sans le pain peuvent être consacrés, comme il a été dit ci-dessus. Ainsi donc, si, après l’énonciation des premières paroles et avant l’expression des dernières, il arrive au prêtre un accident qui l’empêche de continuer, il y a apparence que la chose arrive comme il a été dit, si le pain est changé en chair, le vin n’ayant pas encore été changé au sang. Faudra-t-il donc, en ce cas, qu’un autre prêtre recommence tout le sacrifice depuis le commencement, et réitère sur le pain la consécration ; ou bien commencera-t-il à l’endroit où le premier a fini, et faudra-t-il que le mystère de l’unité soit scindé ? (Extra De elect., Quod sicut). À ce sujet on lit dans le Ve Concile de Tolède (q. i, Nihil) : « Nous avons pensé que, lorsque les saints mystères sont consacrés par les prêtres au temps de la messe, s’il survient quelque indisposition à un prêtre qui l’empêche d’achever le mystère de la consécration déjà commencée, il convient de laisser à l’évêque ou à tout autre prêtre le pouvoir d’achever