Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/310

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un seul corps composé de beaucoup de membres. » C’est pour marquer la figure et le type de cette chose, que l’arche du Seigneur fut faite de bois de Séthim, bois incorruptible et semblable à l’aubépine.

XXII. Il est donc évident que la substance du corps et du sang du Christ est sacrement et réalité ; mais elle et la réalité d’un autre sacrement, et le sacrement et la réalité d’une autre réalité ; elle est aussi la réalité d’un autre sacrement et le sacrement d’une autre réalité. En effet, elle est la réalité du premier, parce qu’elle est figurée et renfermée dans le premier, c’est-à-dire dans la forme visible, etc. Elle est le sacrement du troisième, parce qu’elle signifie et renferme tout à la fois le troisième, c’est-à-dire l’unité de l’Église. L’eucharistie est donc appelée mystère de foi, car on y voit une chose, tandis que l’on croit que c’en est une autre que l’on voit. En effet, on voit l’espèce du pain et du vin, et l’on croit, à la réalité de la chair et du sang. Or, ce qui, en cet endroit, est appelé mystère de foi, est dit ailleurs esprit et vie ; car l’esprit est un mystère, d’après cette parole : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie ; » et la foi est une vie, d’après ceci : « Le juste vit de la foi. » C’est pourquoi le Seigneur a dit : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. » Mais, comme la consécration fait le sacrement, et qu’après la consécration il n’y a plus sur l’autel ni pain ni vin, on demande quel pain est le sacrement du corps, quel vin est le sacrement du sang ; car si l’on dit que c’est le pain qui a été et le vin qui a existé, certainement ni l’un n’est le sacrement du corps, ni l’autre le sacrement du sang, puisque le pain s’est changé au corps et le vin au sang. Mais si l’on dit que c’est cette espèce que l’on voit et qui est restée, certainement elle n’a pas été faite avec du grain, ni avec des grappes de raisin, puisqu’elle n’en provient pas comme accident, mais comme substance. Quelle similitude assignerons-nous donc entre le sacrement de la réalité et la réalité du sacrement ? Car, si les sacrements n’avaient pas la similitude des