Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/312

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choses signifiées, soit qu’il y ait plusieurs signes, il y a divers sacrements, et qu’il faut accorder que sur l’autel il y en a au moins quatre, savoir : l’espèce du pain et l’espèce du vin, la réalité de la chair et la réalité du sang. En outre, comme les accidents du pain et du vin sont différents, tels que la saveur et l’odeur, le poids et la couleur, la quantité et la figure, il paraît que chacun en soi sont différents sacrements. Car, par quelle raison l’un serait-il appelé sacrement plutôt que l’autre ? et de quelle réalité l’odeur ou le goût sera le sacrement ? A ceci on peut répondre convenablement que tout ce que l’on reçoit à la fois forme l’unique sacrement de l’eucharistie, par cette raison qu’aucun de ces accidents en particulier n’a de signification par lui-même, mais que tous pris ensemble représentent l’espèce du pain qui contient et symbolise le corps du Christ.

XXV. Or, parmi ces signes, les uns sont naturels, les autres positifs. Les signes naturels sont ceux dont la signification est tirée de la nature, comme certains qui, par l’antécédent, annoncent ou signifient le conséquent. Ainsi la rougeur du ciel, sur le soir, annonce un temps serein pour le matin du lendemain. D’autres, par le conséquent, signifient l’antécédent ; ainsi la fumée et la cendre annoncent qu’il a existé du feu. Les signes positifs sont ceux qui n’ont de sens que par imposition, c’est-à-dire qui ont une signification particulière qu’on leur a imposée, comme le serpent d’airain, qui signifiait notre Seigneur élevé sur la croix, préservant l’homme des atteintes du démon. Parmi ces signes, les uns signifient une, chose sacrée, comme le serpent d’airain élevé dans le désert ; les autres une chose non sacrée, comme l’arc de triomphe élevé à l’endroit où viennent aboutir deux chemins. Or, parmi les signes d’une chose sacrée, les uns sont sacrés, comme le baptême ; les autres non sacrés, comme l’agneau pascal. Sont sacrés les signes du Nouveau-Testament ; ne sont pas sacrés les signes de l’Ancien. Quoique les uns et les autres soient le signe d’une chose sacrée, c’est-à-dire signifiant une chose