Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/327

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est Jésus, emparez-vous de lui. » Et aussitôt, s’approchant, il lui donna un baiser.

II. Or, parce que Jésus, tombant la face contre terre, pria en disant : « Mon Père, si c’est possible, etc., » c’est pour cela que le prêtre, s’inclinant, prie et dit : Supplices te rogamus, « Nous te supplions ; » ou bien encore, l’inclinaison du prêtre signifie que le Christ rendit l’esprit, comme nous l’avons dit dans la préface du canon. Nous avons parlé des inclinaisons au chapitre de la Confession. De même, en disant : ut quotquot ex hac altaris, etc., il baise une fois l’autel, pour représenter le baiser du traître après que le Seigneur eut fini sa prière et se fut levé. Quelques-uns baisent trois fois l’autel, pour rendre grâces à la Trinité, qui, par la passion du Seigneur, a réconcilié le genre humain. D’autres le baisent deux fois, pour marquer qu’il y a dans le Christ une double nature, ou qu’il a souffert en ame et en corps.

III. Or, comme le Seigneur, dans son agonie, prolongea sa prière en répétant trois fois la même chose, le prêtre, pour signifier cette particularité, fait trois croix ; il fait la première sur l’hostie, en disant : Sacrosanctum Filii tui corpus ; la seconde sur le calice, en disant : et sanguinem ; et la troisième en se signant lui-même sur le front, en disant : omni benedictione coelesti. Peut-être est-ce à cause de la sueur du corps qu’il fait une croix sur le corps, et à cause des gouttes de sang qu’il en fait une sur le sang. Peut-être en fait-il une troisième sur lui-même au front, pour marquer que Jésus tomba la face contre terre en priant. Ou, plutôt, la croix qu’il fait sur le corps désigne les liens qui attachèrent le corps du Christ ; celle sur le sang désigne les verges dont il fut battu et le sang qui sortit de ses plaies. Touchant les liens dont il fut attaché, on lit : « Les serviteurs des Juifs s’emparèrent de sa personne et le lièrent, et, après l’avoir attaché, ils le conduisirent et le livrèrent à Ponce-Pilate. » Touchant les verges, on lit : « Pilate prit Jésus, et flagella Jésus, » par