Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/362

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nous remettre nos dettes comme nous les remettons nous-mêmes à nos débiteurs ; elles ne nous sont donc remises que sous cette convention, à condition de les remettre nous-mêmes à nos débiteurs, sans quoi elles nous seront comptées comme dettes, même après avoir été remises, d’après ces paroles de l'Évangile : « Méchant serviteur, je t’ai remis toute ta dette, parce que tu m’en as prié ; n’aurais-tu pas dû, de ton côté, avoir pitié de ton compagnon comme j’ai eu moi-même pitié de toi ? Et le maître, irrité, le livra aux tourmenteurs jusqu’à ce qu’il rendît tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père céleste agira à votre égard, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond de son cœur. » Or, pour que le Seigneur montrât évidemment que le fruit de l’oraison tout entière serait nul si nous ne remettions leurs dettes à nos débiteurs, à la fin de l’évangile précité il ajoute encore, après tout ce qu’il a déjà dit : « Si donc vous pardonnez leurs péchés aux autres hommes, mon Père céleste aussi vous pardonnera les vôtres ; mais si vous ne pardonnez pas aux autres hommes leurs péchés, mon Père céleste non plus ne vous pardonnera pas les vôtres. » Pour ceux donc qui ne remettent pas leurs dettes à leurs débiteurs, cette oraison paraît plutôt nuisible qu’utile ; car celui qui demande qu’on lui remette ses dettes’ comme il les remet lui-même à ses débiteurs, s’il ne les leur remet pas lui-même, paraît certainement demander qu’on ne lui remette pas les siennes (De consec., dist. ii, Panem).

X. Mais on demande ce que Dieu est tenu de remettre à celui qui ne veut ni satisfaire ni demander pardon ? Sans doute il faut distinguer entre celui qui est parfait et celui qui est imparfait. Pour celui qui a saisi la voie de la perfection, même quand il ne demande pas pardon, Dieu est tenu d’avoir pour lui toute espèce d’indulgence. D’où dans le canon d’Innocent (De pœn., d. v, c. Fieri) on lit : « La pénitence est fausse si le pénitent ne satisfait pas l’offensé, ou si celui qu’il a offense n’a pas d’indulgence pour lui. » Mais celui qui ne s’est pas en-