Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/386

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permettre que sa chair vît la corruption, selon ce qu’il dit lui-même par le Psalmiste : a Je me suis endormi, et j’ai pris mon sommeil, et je me suis réveillé, parce que le Seigneur m’a pris sous sa protection. » Elle signifie donc l’unité de l’ame et de la chair qui furent réunis lors de la résurrection du Christ ; car, comme on l’a déjà dit, le pain se rapporte à la chair et le vin au sang, parce que, suivant le Philosophe[1], le sang est le siège de l’ame (XXXIII, q. ii, Moses). Nous avons encore parlé de cela au chapitre de l’Oblation.

XVIII. Dix-septièmement : Quand la mixtion doit-elle se faire ? Quelques-uns, il est vrai, mettent la particule dans le calice, et disent ensuite Pax Domini, parce qu’il est manifeste que la paix a été donnée aux hommes de bonne volonté par la résurrection, désignée par lesdites paroles. Mais d’autres ne le font qu’après avoir dit Pax Domini, et même après avoir dit l’Agnus Dei, afin que leur prière soit plus efficace, lorsqu’en disant l’Agnus Dei ils tiennent dans leurs mains cette parcelle, la regardant tout à la fois des yeux du corps et des yeux de l’ame ; d’autres encore, avec respect, la mettent dans le calice, en disant Da nobis pacem ; car, comme on dit trois fois Agnus Dei, et que les deux premières fois on le termine par miserere nobis, « aie pitié de nous » la première fois par rapport à l’ame qui réside surtout dans le sang, et la seconde par rapport à la chair, il est évident que cette double invocation est prononcée séparément, et c’est pour cela que la partie de l’hostie qui désigne la chair, et le sang qui désigne l’ame, ne doivent pas être réunis aux deux premiers Agnus Dei, mais seulement à la fin du troisième, terminé par pax, qui se rapporte aux deux substances, c’est-à-dire au corps et à l’ame. Car c’est lui qui nous a purifiés de nos péchés dans son sang.

XIX. Il y a d’autres prêtres, en quatrième lieu, qui font le mélange, après avoir dit Pax Domini, et c’est avec bien plus de

  1. Avons-nous besoin de dire que ce Philosophe par excellence est Aristote ?