Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/57

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nature du Christ, la divine et l’humaine : la divine, qui est comme cachée dans la poitrine ; l’humaine, qui s’épanouit sur les lèvres. Ces deux natures furent aussi figurées d’une manière mystique par les présents des Mages. Or, le baiser est le signe du respect, comme on le dira au chapitre du Baiser de paix.

XIII. La procession rappelle, par sa disposition, une armée rangée en bataille[1]. Car les plus grands et les plus forts, comme l’avant et l’arrière-garde, l’ouvrent et la ferment ; les ordres mineurs, comme des soldats plus faibles, sont rassemblés au milieu. Les évêques marchent devant, et les prêtres les suivent immédiatement, puis viennent le pontife et les diacres. Au milieu, on place les sous-diacres et les acolytes ; quant aux chantres, comme les trompettes, ils marchent en tête de l’armée pour l’enflammer et la pousser au combat contre les démons. L’Apôtre dit, en parlant de cette bataille : « Nous avons à combattre non contre des hommes de chair et de sang, mais contre les esprits de malice répandus dans l’air. » — « C’est pourquoi sonnez de la trompette en ce premier jour du mois, au jour célèbre de votre grande solennité. »

XIV. Nous avons d’abord parlé de la procession du Souverain-Pontife ; prenons-en occasion de dire quelque chose aussi des autres processions. Sur quoi il faut remarquer, en général, que, de même que dans la messe est figurée l’ambassade du Christ en notre faveur sur la terre, de même dans nos processions nous représentons notre retour à notre patrie, dont la solennité imite presque en tous points la sortie des Israélites de l’Égypte. Or, de même que ce peuple fut arraché par Moïse aux mains de Pharaon, ainsi le peuple de Dieu a été délivré par le Christ de la gueule du lion. Et, de même que les tables du Témoignage furent reçues par Moïse sur le mont Sinaï et portées devant le peuple (Exod., cap. xxxiv et xlv), ainsi le livre des évangiles est pris de dessus l’autel et porté en procession. Une colonne de feu précédait les Israélites, et la flamme

  1. Voir la note 5 à la fin du volume.