Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/133

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le paradis. C’est pourquoi on dit tous les jours ce cantique, afin que le souvenir plus fréquent de l’incarnation du Seigneur excite les ames des fidèles, qui s’exercent aux œuvres et à la doctrine de Dieu, à persévérer avec plus de dévouement dans l’œuvre commencée ; et, comme le cantique est le symbole des pensées, comme les psaumes le sont des œuvres, si nous rappelons souvent et avec zèle les actes et les paroles de la bienheureuse Marie, l’observation de la chasteté et la vertu des œuvres, à l’exemple de la bienheureuse Marie, persévéreront toujours en nous. Et alors nous ne serons plus ébranlés, ni par la faveur humaine imméritée, ni par l’appétit immodéré des choses terrestres, ni par les affections temporelles, ni par le désespoir d’obtenir le pardon de nos péchés : la faveur humaine imméritée ne nous touchera pas. En effet, comme sainte Elisabeth faisait valoir les mérites de la bienheureuse Marie, en lui disant : « D’où me vient cet honneur que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? etc., » celle-ci ne fut pas émue de cette faveur humaine ; mais, conservant son humilité, elle s’écria : « Mon ame glorifie le Seigneur, etc. ; » et enfin elle ajouta : « Parce qu’il a daigné regarder la bassesse de sa servante. »

VII. Et remarque qu’elle dit : Respexit humilitatem, et non pas : Respexit virginitatem, « Il a regardé mon humilité, » et non pas : « Il a regardé ma virginité. » Considérant que la virginité de l’ame est supérieure à l’intégrité du corps, c’est pourquoi elle dit humilitatem, parce que Dieu résiste aux superbes, ne leur fait point partager le sort des justes, mais les disperse dans divers lieux où ils souffrent les tourments réservés aux pécheurs. Nous ne serons pas émus non plus par l’appétit immodéré des choses temporelles, parce que, comme notre juge lui-même l’a dit, « il a renvoyé vides et pauvres ceux qui étaient riches, » divites dimisit inanes. — Deposuit potentes de sede, « Il a fait descendre les grands et les puissants de leur trône. » Les afflictions du temps ne nous toucheront pas, parce que Dieu