Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/41

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l’Eglise, ne doit lire sans en avoir reçu l’ordre du supérieur ecclésiastique. Et il dit Domne, et non Domine, parce que Dieu seul est véritablement Seigneur. De là vient que le prêtre ou l’évêque ne donne pas de lui-même la bénédiction, mais demande discrètement à Dieu de l’accorder, en disant : « Que le Seigneur nous accorde sa bénédiction perpétuelle, etc. » Le lecteur ajoute, à la fin : « Et toi, Seigneur, aie pitié, etc., » parce qu’alors il adresse la parole à Dieu, qui est le vrai Seigneur. C’est pour cela que dans le commencement il prononce d’une voix peu assurée et entrecoupée, parce qu’alors il adresse ses paroles à un être imparfait, c’est-à-dire à l’homme, d’après ces mots du Prophète : « Tes yeux ont vu mes imperfections. » C’est ce que les moines observent aussi communément, en disant : « Domnus abbas, Père abbé. » C’est aussi par cette considération que les serviteurs, lorsqu’ils servent leurs maîtres, doivent fléchir devant eux un genou seulement, c’est-à-dire le genou gauche, cette partie du corps désignant la servitude corporelle, qui est la seule due aux hommes, et non la servitude spirituelle, due aux maîtres selon l’esprit.

XLV. Car dans l’église il faut fléchir non pas un seul, mais les deux genoux, pour que nous ne soyons pas assimilés aux Juifs. « Car tout genou doit fléchir devant le Christ, » dit saint Paul aux Philippiens (c. ii) (Capitulo extra De immun. Eccl. decet). Salomon, priant pour le peuple, imprimait ses deux genoux sur la poussière et étendait ses mains vers le ciel, comme on le lit au troisième livre des Rois ( c. viii). C’est encore pour cela qu’il ne faut pas s’incliner face à face devant un prince de haut rang, soit pour lui parler secrètement, soit pour écouter ce qu’il nous dit, mais seulement se servir de l’oreille gauche en fléchissant la tête. Mais, en terminant, le lecteur prononce ouvertement et distinctement, parce qu’il s’adresse dans un langage parfait à un être parfait, c’est-à-dire à Dieu. Or, quand l’évêque veut lire une leçon et qu’il dit : « Jube, Domine, benedicere, » aucun de ses inférieurs ne doit le