Page:Durand de Mende - Rational, vol 5, traduction Barthelemy, 1854.djvu/116

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partagées avec nous tant qu’ils ont vécu ; de là vient que Denys dit qu’anciennement les vivants embrassaient les morts, en signe de l’unité qu’ils avaient eue avec eux. Or, ces choses et autres semblables leur seront ou sont utiles, en tant que, par de telles cérémonies, c’est à Dieu lui-même que l’on rend honneur. Dans l’introït pour les morts il se trouve un double verset, savoir Te decet, et Exaudi oratiotiem meam, etc ; on l’a dit dans la sixième partie, au Samedi de la troisième semaine de Carême. De même, à la messe pour les morts, on ne doit pas entremêler de prières pour les vivants, comme il a été dit dans la quatrième partie, au chapitre de l’Oraison.

XXIX. On ne donne pas la paix pour trois raisons. Premièrement, parce que cet office, comme il a déjà été dit, est la représentation des trois jours de la sépulture du Seigneur, où l’on ne la donne point, par horreur pour le baiser de Judas. Secondement, parce que nous ne communiquons pas avec les morts et qu’ils ne nous répondent point ; car nous sommes dans le sixième âge, et eux dans le septième.

XXX. De là vient que le corps des morts ne doit jamais être dans l’église, tant que dure la célébration de la messe du jour. Bien plus, s’il s’y trouvait auparavant, on doit le porter hors de l’église dans le vestibule, quelles qu’aient été son autorité et sa dignité pendant sa vie, et ensuite le rapporter pour la messe des morts.

XXXI. Troisièmement, parce que, de même qu’un seul pain est composé de la réunion d’un grand nombre de grains, et qu’on tire le vin d’un grand nombre de grappes de raisin, ainsi l’Église se compose de l’agglomération d’un grand nombre de fidèles, dont certains sont bons et d’autres mauvais. Or, comme nous ignorons si le mort se trouve actuellement en union ou en conformité avec l’Église, s’il a la paix avec son créateur et s’il est réconcilié avec lui, c’est pourquoi nous ne donnons point la paix à la messe ; et nous ne louons point Dieu pour les morts ou à cause des morts, car nous n’avons pas