Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

incapable d’élever ses penchants plus haut que le beau Guillaume, par exemple.

Louis était orgueilleux en même temps que farouche, il avait la prétention qu’une femme reconnût son mérite comme elle eût reconnu le soleil. Et cependant, si la jeune fille s’était portée vers le beau Guillaume, il n’est pas probable que Louis eût renoncé à elle. Toute force capitule devant la passion.

Avant d’aller provoquer Lévise à une explication, Louis eut l’idée de se rendre chez Cardonchas. Il espérait y apprendre quelque chose sur la jeune fille et arriver ensuite auprés d’elle, armé de renseignements qui rendraient l’explication nette et décisive.

La curiosité de regarder les ferrailles servirait de motif, et, dans la conversation, il ne serait pas difficile d’amener Lévise sur le tapis. Cardonchas mis hors de cause, comme le pensait Louis, il ne restait plus qu’un seul adversaire, Guillaume, sur lequel l’autre ferait peut-être quelques confidences.

Cardonchas pouvait se défier du jeune homme et se taire, là était l’obstacle à craindre ; mais cette visite au paysan danseur, archéologue et ambitieux, tentait Louis.

On lui indiqua, à l’auberge, la demeure de Cardonchas, qui était une petite maison blanche avec un jardin enclos, au milieu des vignes. La porte du jardin étant ouverte, Louis entra sans cérémonie. L’endroit en désordre n’indiquait pas un ami des fleurs ou des fruits. De gros tas de terres et de gravois couvraient les plate-bandes, et une infinité de pierres cassées, portant des fragments de sculptures mutilées, étaient rangées le long du mur près de la maison : c’était là une partie du musée.

Dans une pièce du rez-de-chaussée, Louis entendit plusieurs voix d’hommes qui criaient à qui mieux mieux.