Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/107

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— Non, dit Louis, qui comprit que Cardonchas avait dû courir un peu le monde pour connaître le mot « artiste ».

— Gentilhomme ? demanda à son tour le grand paysan, d’un air méfiant.

— Non, répliqua Louis, encore plus étonné, je voyage pour mon plaisir. J’aime les antiquités et je suis venu voir celles de M. Cardonchas.

— Il en a pour de l’argent, dit aussitôt le petit vieux entamant la question commerciale. Il est venu dernièrement un Anglais qui voulait tout lui acheter, mais il ne vendra jamais aux Anglais.

Cardonchas refusant de vendre au gouvernement et aux Anglais jouait un peu trop la comédie ordinaire des faiseurs de collections insignifiantes, qui essaient de leur donner ainsi une valeur imaginaire.

Louis ne venait point pour acheter le musée, et les paysans auraient pu essayer une série de ruses beaucoup plus adroites sans qu’il devînt leur victime.

Ils étaient très-tourmentés de ne pas savoir au juste qui il était.

— C’est un bon pays pour la santé, ici, on y vient se guérir, dit le petit vieux, pour amener Louis à des confidences.

À ce moment, Cardonchas qui, en qualité d’ami de la danse, appréciait évidemment l’avantage des belles manières, jugea convenable de présenter ses camarades à Louis.

— C’est le père Lapotte, dit-il en montrant le petit vieux, la plus fine langue d’ici, et voilà M. Mâcheron, un des hommes les plus intelligents du canton. S’il y en avait beaucoup comme nous trois, continua-t-il entraîné à l’épanchement par le vin, le sort du pauvre monde