Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/110

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questions, ils ne se plussent à le tenir le bec dans l’eau. Il était impatient d’échapper à leurs finesses ou à ce qu’il croyait tel. Il changea de batteries et tenta d’aller droit au fait.

— Je suis chargé, dit-il en riant à Cardonchas, par une très-jolie fille que vous connaissez de vous demander si vous voulez toujours l’épouser.

Louis regardait attentivement le petit homme noir.

Celui-ci se mit à rire a son tour d’un air de plein contentement et répliqua :

— Ah ! ma foi, il y en a tant qui voudraient m’épouser !

Louis allait dire : Ne devinez-vous pas qui ? mais l’obstiné Mâcheron intervint et cria :

— Tu sais bien que tu ne peux te marier sans manquer à la mission !

— Tout de même, si je voulais bien ! dit Cardonchas, ayant l’air de porter un défi à son ami, contre lequel il paraissait animé d’un certain ressentiment.

— Alors tu trahirais ? Choisis : marie-toi ou remplis la mission. As-tu lu ou n’as-tu pas lu le livre de Bras-de-Fer, le grand rénovateur ?

Les trois paysans lisaient des livres utopiques. Leur entretien à mots ambitieux était expliqué à Louis.

— Dam ! dit le vieux Lapotte, une femme ! ça ne le gênera guère pour un changement de gouvernement. Moi j’en prendrais bien quatre que ça ne me ferait pas broncher. Je serais toujours le préfet chez moi, quand j’aurais autant de femmes que de poules !

— Ça vous fait tomber dans les mains des prêtres, les femmes ! s’écria le terrible Mâcheron.

— Puisqu’il n’y aura plus de prêtres, dit Cardonchas quand Bras-de-Fer sera le maître.