Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Il faut être sages, dit-il à Lévise brusquement, nous ne sommes pas encore nos maîtres.

Louis pensait à ce moment qu’ils s’appartenaient encore bien peu. Il ne savait comment il pourrait avoir la force de n’être pas toute la journée auprès de Lévise. Il allait de chambre en chambre, s’agitait de toutes les façons pour échapper aux persécutions de la passion qui lui criait : Il faut que tu sois seul avec Lévise. Elle n’est pas à toi !

Louis envoya Euronique faire une longue course et, pris de la terrible fièvre amoureuse, il demanda à la jeune fille si elle voulait voir sa chambre. Il avait des frissons, ses genoux faiblissaient, ses mains étaient glacées, ses joues brûlantes, ses yeux éclatants. Lévise monta dans la chambre. Il s’appuya contre le mur pour se soutenir. Il la regardait sans rien dire.

— Qu’est-ce que vous avez donc ? dit-elle aussi troublée que lui.

Louis lui fit une humble, timide prière. Mais elle s’y refusa, en disant qu’elle voulait toujours l’aimer sans être son égale, qu’il ne fallait pas lui parler d’une chose à laquelle elle n’oserait jamais penser ; et elle s’enfuit en bas.

— Vous ne m’aimez donc pas ? lui dit Louis qui avait couru derrière elle.

— Ne me tourmentez pas, lui dit-elle, je serais moins heureuse.

Louis ne put que lui pardonner. Il lui annonça que bientôt Euronique allait se marier et partir.

Dans la journée, pour faire diversion, il alla chez Cardonchas et lui demanda s’il comptait toujours épouser Euronique. Cardonchas consentit à revenir avec Louis pour voir Euronique à qui le jeune homme ne voulait pas laisser le temps de respirer.