Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/218

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Mourant de peur Euronique se débattit en appelant : Au secours ! au secours !

— Si jamais, s’écria enfin Lévise, tu parles de moi, je te tuerai ! je te tuerai ! Elle ne pouvait trouver de menaces assez violentes, et la colère l’étouffait.

Cependant, aux appels d’Euronique, quelques voisines étaient accourues ! Euronique reprit courage, et, comme elle était vigoureuse, elle se dégagea :

— Ah ! braconnière ! dit-elle en grinçant des dents, tu en veux à ceux qui sont honnêtes !

Lévise était aveuglée, elle ne voyait plus rien que la face d’Euronique qu’elle voulait meurtrir de coups, ses mains allaient d’elles-mêmes, elle ne pouvait s’exprimer qu’en frappant. Elle s’abattit impétueusement sur Euronique qui s’enfuit jusque dans la rue parmi les femmes qui étaient venues contempler la scène. La, se jugeant en sûreté, Euronique tenta de les animer à sa défense :

— Voyez-vous, la sauvage, la fille perdue, elle vient se jeter sur nous comme un loup, elle sait qu’elle est soutenue. Est-ce possible qu’on lui permette d’attaquer les gens comme ça ! Il faut la chasser du pays !

— Je ne veux plus que tu dises un mot, interrompit Lévise d’un accent tellement furieux, qu’Euronique se tut, et comme les femmes virent que dans son exaltation Lévise allait fondre au milieu d’elles, elles s’enfuirent en criant et entraînèrent Euronique dans une maison voisine dont elles eurent à peine le temps de refermer la porte devant Lévise qui les poursuivait.

Lévise reprit le chemin de la maison de Louis avec rapidité, suivie dans sa course par des regards avides. À peine se fut-elle éloignée que dans la maison où s’était réfugiée Euronique se forma un conciliabule, un rassemblement d’une vingtaine de femmes et d’enfants curieux