Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/222

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nique, certainement troublée parce qu’elle crut que Louis venait demander des explications, mais ne craignant pas d’être battue par lui et espérant bien lui faire expier le crime de Lévise par quelques insolences.

— La voilà, revint crier la petite fille à Louis qui attendait.

Quelques femmes voulaient retenir Euronique, d’autres proposaient de l’entourer pour la protéger contre le nouvel adversaire. — Est-ce qu’il vient aussi pour la battre ? demandaient plusieurs d’entre elles.

Euronique vint jusqu’au seuil de la porte, suivie des paysannes qui se pressèrent autour d’elle. La vue de ce cortège troubla Louis. Qu’avait donc fait Lévise, pour donner lieu à ce rassemblement ?

Euronique s’avança vers lui et le salua cérémonieusement.

— Vous venez voir si les soufflets sont encore chauds ? demanda-t-elle avec une ironie amère.

Des soufflets !… Louis fut bouleversé. Mais son premier cri intérieur fut : Qui les a reçus ? ne serait-ce pas Lévise ? La tête lui tourna. Mais aussitôt il se prit à redouter que ce ne fût Euronique au contraire qui eût été frappée.

— Quels soufflets ? dit-il, très-gêné par les têtes ardemment curieuses de toutes ces femmes qui le dévoraient des yeux.

— Quels soufflets ? reprit Euronique en éclatant, ceux qu’elle m’a donnés, votre « drôlesse » !

Ce cruel mot, prononcé devant vingt témoins, tomba sur le cœur de Louis comme une goutte de plomb fondu. La douleur fut excessive. Le sang s’agita si violemment dans les artères du jeune homme qu’il perdit presque complètement la tête.