Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/233

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qui est bon pour moi, qui m’a rendue bien meilleure, qui m’a élevée au-dessus de ce que j’étais. Oui, je me ferais arracher la langue plutôt que de ne pas le répéter, le crier partout. Oui, je suis son chien fidèle et je garde sa porte. Allez-vous-en, dites-vous que je suis morte, je ne suis plus de votre espèce, je ne vous connais plus, je ne veux pas même savoir que vous existez !

— Tu le sauras pourtant bien ! dit Guillaume qui tremblait de rage d’entendre ce torrent de paroles qui passait sur sa tête, d’être repoussé du pied par cette fille qu’il croyait accabler et à laquelle il ne pouvait faire sentir ni par des coups, ni par des injures, son ignominie.

— Tu le sauras ! puisque tu es pire qu’une fille perdue, mauvaise folle, tu te vautres dans ta honte, tu nous renies, tu te fais gloire de ton infâme conduite, tu n’es qu’une misérable ! tu comptes sur celui qui est là-dedans, tu ne feras pas l’insolente longtemps, je ne sais ce qui me retient de te briser ta figure de…

Il continua par un débordement des dernières injures, jusqu’à s’en épuiser. Les veines de son cou en gonflèrent, ses yeux roulaient, et ses cheveux se dressaient sur son front violet. Lévise poussa une espèce de cri féroce. Les instincts de famille, violemment fouettés par l’outrage, faillirent la lancer comme un chat sauvage sur Guillaume. Lui-même s’en aperçut et il leva les mains pour la saisir. Volusien se jeta entre eux, pâle, plus irrité, peut-être encore plus effrayant, car sa fureur était froide.

— Assez, assez ! cria-t-il d’une voix terrible, le premier qui dit un mot de plus, je foule dessus avec les pieds !

L’intervention subite de Volusien les arrêta. Il n’avait rien dit pendant cette sauvage querelle. Il était resté im-