Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/266

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sentiments plus sains ! Lévise désirer mourir ! quelle était donc l’étendue de son malheur ? et lui ne la poussait-il pas par sa cruauté à se réfugier dans la mort ? Le cœur du jeune homme se souleva de pitié ; il faillit tomber aux genoux de la jeune fille. Mais l’image du beau Guillaume était là, et la voix de la paysanne dans la rue se fit encore entendre !

— Eh ! qui me le prouve donc ? s’écria-t-il, est-ce que je ne l’entends pas dire partout derrière moi quand je passe dans le village ?

Maintenant il ne la condamnait plus, il l’appelait à se justifier.

— Mais ils savent bien qu’ils mentent ! répondit Lévise cessant de pleurer et avec un accent de vérité qu’elle tira de son sein comme une dernière et extrême ressource ! Je te le jure, j’ai toujours eu horreur de Guillaume et personne ne peut rien me reprocher.

Ici elle ne put résister à une pensée d’indignation contre Louis qui méconnaissait cette vérité.

— Rien me reprocher, ajouta-t-elle en le regardant tristement, sinon que je suis ta maîtresse !

C’était au tour de Louis à se défendre. Il sentit la puissance de ce reproche résigné, mais irrésistiblement vengeur. Il chancela, mais il ne voulut pas s’avouer sitôt renversé. Il chercha encore à blesser pour riposter à ce coup inattendu.

— Eh que sais-je si tu ne mens pas aussi ? dit-il.

— Oh ! reprit Lévise au désespoir, je te le jure, crois-moi. Si tu m’aimais, tu comprendrais que je dis la vérité. Maintenant chasse-moi, je ne puis rien prouver.

En effet, la pure sincérité éclatait en Lévise, et Louis en fut soudain enveloppé et pénétré comme d’une lumière toute rayonnante. Lévise était blanche et brillante au mi-