Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/280

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tion que lui annonçait Houdin. Il ajouta : Combien te coûtent tes carreaux ?

— Vingt sous pièce.

— Je te donne trois francs si tu veux m’en laisser casser un.

— En voilà une idée ! s’écria Houdin, je veux bien !

— Bon, eh bien ! mets une bouteille vide sur une table et puis la plaque de fonte de la cheminée de ta cuisine par derrière, contre le mur.

— Pourquoi faire ?

— Je vais aller à quarante pas et je tirerai. C’est un pari que j’ai fait avec Volusien.

Le cabaretier se retourna vers celui-ci qui fit signe de la tête que c’était vrai.

— Comment ! tu veux tirer à cette heure-ci ? demanda le cabaretier, tu es fou.

— Puisqu’on te paie, nous boirons après ! Qu’est-ce que ça te fait ?

— On entendra, on verra mon carreau brisé demain matin.

— Tu arrangeras cela, c’est cent sous à gagner pour toi. Je les ai là. Moi, c’est un essai que je fais.

— Ah ! dit Houdin, n’en parle pas, ne me mêle à rien, et dépêche-toi. Volusien et lui disposèrent les choses comme le voulait Guillaume, qui s’éloigna en comptant quarante pas, puis se retourna, épaula son fusil, visa avec soin et tira. Il avait brisé la vitre et la bouteille, avait volé en éclats.

— Je suis sûr de ce côté-là ! dit-il.

Il fit avaler une bouteille de vin à Volusien et l’emmena enfin à la maison de celui-ci. À peine arrivés :

— Il faut être de bonne heure à l’affût demain matin. Dormons ! s’écria-t-il.