Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/300

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homme qui est la terreur du pays ! que vous faut-il donc de plus ?

— Oui, ajouta Lévise, Volusien, Guillaume, tu as le dessus sur tout le monde !

Ces éloges, ce bon témoignage rendu à sa conduite firent sourire Louis de plaisir malgré lui et ramenèrent un peu de satisfaction dans son esprit troublé.

— Eh bien ! dit-il, si je puis être sûr que je n’ai pas été faible, je veux bien partir !

En effet, dès que cette grande et dominante avidité de supériorité et d’énergique dignité se trouvait apaisée et satisfaite, Louis se portait avec non moins de vivacité vers l’idée de partir, la plus forte après l’autre. Il lui tardait de quitter Mangues, afin de rendre un peu de repos à Lévise, afin d’être lui-même en paix, pour éviter l’arrivée et la rencontre de son père qui eût pu être plus fatale que tout le reste à la jeune fille.

— Oh Louis ! s’écria Lévise, si tu savais quel bien tu me fais ; le ciel m’a entendue ! Il me semble encore te voir devant Guillaume, ajouta-t-elle, pensant qu’une telle image chassait toute velléité de rester plus longtemps à Mangues. Elle l’embrassa, le serrant avec un emportement de bonheur, comme si elle le retrouvait sain et sauf par une chance miraculeuse. Il se dégagea assez brusquement.

— Ne me parlez plus de cet homme, dit-il, si vous voulez que je quitte Mangues !

— Non, non, reprit Lévise avec une espèce d’exaltation, ne parlons plus de tout cela. C’est passé, c’est fini, c’est loin ! À l’heure qu’il est, nous sommes en chemin pour Paris, n’est-ce pas ? c’est bien irrévocable ! — Elle aurait voulu en même temps, épancher la douleur qu’elle éprouvait encore, mais Louis ne cherchait ni à plaindre, ni à être