Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/306

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à neuf heures, après la danse au Mail, et on n’y parlait que du scandale de l’église et de la bataille. Le sentiment universel voulait qu’on fît payer à Louis sa bravade. Cardonchas se trouvait dans l’un de ces cabarets. Euronique était absente depuis deux jours, il avait sa liberté et en profitait. Le garçon de l’auberge vint et annonça que Louis et Lévise partaient le lendemain, que l’aubergiste lui avait dit de tenir la carriole prête pour onze heures du soir.

Alors on chercha ce qu’on pourrait bien faire avant le départ de Louis et de Lévise, et Cardonchas glissa sournoisement la proposition de leur donner un charivari. Il était fort humilié depuis que le bruit courait que Louis lui avait fait épouser Euronique pour se débarrasser de celle-ci, et le soufflet donné à sa femme lui restait sur le cœur.

La proposition fut accueillie avec des cris de joie. Quinze ou vingt garçons se levèrent avec enthousiasme pour se munir des instruments nécessaires, mais à cette heure avancée il devenait difficile de composer un orchestre bien complet. Cardonchas conseilla de se borner à chanter la chanson faite sur Lévise.

— Oui, oui, la chanson, c’est tout ce qu’il faut ! s’écria-t-on.

Aussitôt la bande prit des torches de résine et se précipita dehors, en hurlant, en braillant et en dansant. En chemin, on arrêtait les gens qu’on rencontrait, et on leur proposait de venir au charivari. La bande se grossit et se composa bientôt d’une quarantaine de personnes, filles et garçons, presque tous secouant une torche, et elle s’avança entonnant à tue-tête la terrible chanson.

Lévise faisait les préparatifs du départ avec une précipitation agitée. En se hâtant, elle espérait dévorer le