Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/335

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vouée à d’autres peines. Il éprouvait une sorte de langueur triste et heureuse à la fois de n’être plus dans ce monde fantastique et agité de l’amour !

À l’approche du procès, il se tint prêt à ne point se livrer vaniteusement à la curiosité publique, à ne pas remuer trop profondément les cendres de Lévise et à ne point peser sur la condamnation des braconniers, envers lesquels il se sentait une espèce de pitié, comme des gens qui, avec Lévise et lui, s’étaient trouvés le jouet d’un sort fatal.

Sur toute cette portion de son existence, il voulait mettre le sceau comme on scelle des papiers compromettants qu’on ne veut cependant pas détruire. Et il était impatient de se tourner vers d’autres voies, vers d’autres aspects de l’horizon ! Ainsi veut la jeunesse ; ainsi veut surtout l’esprit intelligent, plus mobile, plus avide de nouveauté et plus souple que les autres.

Quant aux braconniers, ils ne nièrent pas le meurtre à l’instruction.

Celui sur lequel la mort de Lévise fit le plus d’impression fut Volusien. Son regret lui donnait l’espoir qu’on ne pouvait le considérer comme coupable. Un acquittement eût grandement soulagé sa conscience. Il comptait pour se défendre sur ce qu’il n’avait pas participé de la « main » à l’assassinat.

D’ailleurs Volusien était abattu, il ne pardonnait pas à Guillaume. Souvent la condamnation lui était indifférente quand il y songeait d’avance. Les seuls liens qu’il eût avec d’autres êtres étaient rompus : ses liens avec Guillaume et Lévise !

Chez le beau Guillaume, l’émotion première de la cruelle action s’effaça peu à peu. Les mobiles qui l’avaient poussé avaient été si forts qu’ils reprirent le dessus. Le bra-