Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/339

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Le président lui adressa quelques paroles sévères pour le ramener au respect et au calme nécessaires, puis discuta un moment avec lui pour lui faire comprendre que le curé n’avait jamais eu l’intention que Guillaume imaginait.

Ensuite on rassembla tous les faits propres à constater le naturel féroce du braconnier et la préméditation du meurtre.

— Eh ! dit Guillaume, je me préparais. J’ai même trop attendu.

On lui représenta qu’il avait cherché à faire retomber sur toute une population une part de la responsabilité de son crime. Cependant le président laissa aux jurés « le soin d’apprécier jusqu’à quel point l’irritation générale dans le village avait pu influencer l’accusé. »

Enfin on argua de la rébellion tentée par les braconniers contre la force publique comme d’un aveu implicite de culpabilité.

— Quand je me suis défendu, répliqua Guillaume, j’étais comme je suis maintenant, attaqué par des gens qui ne servent que contre nous autres.

Il fallut le faire taire par une réprimande très-vive.

— Après tout, dit-il encore, ce que j’ai fait est fait, et on s’en souviendra !

Il se rejeta en arrière et sembla décidé à laisser aller les choses comme si rien ne lui importait au delà.

On appela les témoins, Louis le premier.

Quand il fut introduit pour déposer, il y eut parmi les femmes de l’assemblée un vif mouvement de surprise. Elles comparèrent avec effroi et pitié sa taille frêle à la stature colossale des braconniers. La sympathie se déclara pour sa figure, pâle et émue.

Le jeune homme eut dès son entrée la plus rude