Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/39

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plus basse toujours : J’ai mangé, je vais aller finir mon ouvrage.

Louis reçut un coup de poignard. Il ne devait pas en douter, elle était blessée, outragée, il ne la protégeait pas !

Lévise sortit, et il l’entendit dans l’autre pièce remuer sa chaise pour s’installer.

Louis demeura debout au milieu de la cuisine, immobile et absorbé. Dans le premier moment, il avait voulu mettre Euronique à la porte. Puis il songea qu’en la renvoyant il l’exciterait à lancer mille mauvais propos contre Lévise ; l’échantillon donné dans la soirée permettait bien de craindre la langue d’Euronique. Louis restait donc suspendu entre deux nécessités égales : le châtiment à infliger à Euronique, et l’adoucissement à porter aux peines de Lévise. Ce dernier soin lui parut le plus pressé, et il alla retrouver l’ouvrière, laissant la servante ébahie.

Lévise ne se détourna point de son ouvrage à l’entrée du jeune homme. Il s’approcha, elle ne bougea pas.

— Mademoiselle, dit-il presque avec humilité, il ne faut pas attacher d’importance à ce que dit cette femme. Elle est à moitié folle. Je suis très-fâché de ce qui s’est passé. Cela n’arrivera plus…

Lévise se remit à pleurer, et il s’arrêta fort embarrassé en face de ce chagrin qu’il ne savait comment apaiser. Enfin la jeune fille essaya de parler, au milieu des sanglots mal comprimés qui entrecoupaient ses paroles.

— C’est… commença-t-elle ; mais elle ne put aller au-delà.

— Calmez-vous ! Pourquoi pleurez-vous ?

— C’est… à cause… reprit Lévise avec un plus grand effort, interrompu par les pleurs.

— Oh ! dit Louis, mais vous avez bien vu que je n’ai pas souffert qu’elle continuât…