Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/52

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Lévise devint confuse. Louis voyait qu’elle était inquiétée par toutes ces questions et paraissait désirer la fin de son interrogatoire. Il la soupçonnait de vouloir disculper son frère par fierté, et non pas parce qu’elle avait conscience de dire la vérité.

— Il ne peut se plier à faire comme les autres, reprit la jeune fille ; il aime sa liberté.

— Il n’est pas le seul, mais je crains que chez lui cela ne s’appelle paresse.

— Oh ! il rentre quelquefois bien fatigué.

— Il fait là un métier défendu et dangereux.

— Il faut bien tuer le temps, dit Lévise avec fatigue, il ne peut vivre autrement.

Il y avait dans sa voix une nuance d’impatience. Louis s’aperçut bien qu’elle sentait qu’elle justifiait mal son frère.

— Mais, reprit-il, vous êtes une femme, on ne bat pas les femmes ! Il est lâche envers vous. Pourquoi donc vous a-t-il battue ?

La figure de Louis exprimait, chaque fois qu’il prononçait ce mot, un mécontentement concentré, presque sombre, qui causait une certaine crainte à Lévise.

— Je ne sais pas… dit-elle.

— Il a dû cependant avoir un prétexte. Il y a eu un commencement quelconque à votre querelle.

Louis se demandait si Volusien n’avait pas frappé sa sœur à cause du « monsieur » chez lequel elle venait. Il frémissait de colère à cette pensée, car la nécessité de protéger et de défendre Lévise lui paraissait un devoir plus impérieux, si en effet lui-même était la cause des maux de son « amie ».

Lévise ne répondit pas tout de suite.

— Je ne me rappelle pas, dit-elle enfin !